jeudi 27 février 2014

Beowulf & Grendel's mother

De retour de Rome avec un petit dessin réalisé juste avant de partir. 



Initialement je voulais dessiner un affrontement assez classique entre un héros et une sorte de dragon mais j'aimais bien le look du personnage précédent (et le principe de la femme serpentine). Dans l'histoire d'origine Beowulf est un héros nordique qui affronte successivement un monstre du nom de Grendel, la génitrice de ce dernier (une sorcière monstrueuse) puis un dragon, qu'il ne tuera qu'au prix de sa vie. Il s agit d’un poème Anglais épique du X-XI ème siècle.
Ce genre de récit est interprétable de nombreuses façons mais pour le coup le film en Motion-capture Beowulf (2007) de Robert Zemeckis, Neil Gaiman et Roger Avary proposait une interprétation vraiment originale. Au lieu d'affronter le héros Beowulf après que ce dernier ait tué Grendel, la mère de ce dernier séduit le héros et lui promet la gloire en échange d'une étreinte et à condition de ne pas transgresser une interdiction spécifique (c'est une fonction très classique dans les légendes et les contes). Elle mettra au monde un fils plus puissant encore que le précédent (le dragon), qui finira par causer la mort de Beowulf (car l'interdit est bien sur transgressé), vengeant ainsi le meurtre de son précédant fils.

Je trouve que cette interprétation est interessante car elle a le mérite d'être assez aventureuse par rapport au récit d'origine mais se rattache également à des schémas récurrents dans les mythologies et les légendes. La sorcière est une créature aquatique et chthonienne ce qui fait d'elle une créature de la mort mais aussi de la fécondité, or Beowulf (héros solaire s'il en est) pénètre dans un lac puis dans la grotte de la sorcière (entraînée par cette dernière) avec une épée magique (qu'il va d'ailleurs laisser dans la grotte en question). Reconnaissons que le récit est propice à l'interprétation de Gaiman & Avary, d'autant que cela rappelle le schéma ultra classique du dieu solaire qui s'unit à la terre, et bien souvent y laisse ses forces et finit par en périr. Dans la mythologie scandinave Freyr (le dieu de la fertilité) s'unit à la géante Gerðr, fille de Gymir (dont l’étymologie renvoie a une idée d'humus, d'humidité donc de l'élément chthonien) mais ne parvient à obtenir le consentement de cette dernière qu'en la menaçant d'infertilité, et doit également lui laisser son épée. Cela lui fera défaut lors du Ragnarök ("Le destin/jugement des puissances") car privé de son précieux glaive il sera tué par le géant du feu Surtr.
En outre le monstre qui procrée en s'accouplant avec un héros/dieu/demi-dieu pour enfanter plusieurs créatures monstrueuse me fait aussi penser à la géante Angrboða et à Loki qui donnent naissance au loup Fenrir, au serpent Jörmungandr et à la déesse Hel.
Pour finir, dans le triangle chevalier-dragon-princesse, le chevalier tient plus à affronter la bête et à la vaincre pour la gloire, que pour réellement obtenir la femme comme un vulgaire trophée. Fusionner les rôles du dragon et de la princesse me parait donc drôlement chouette.  

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